Cécile Beau, Ningirsu (Accréction), 2018
tirage jet d’encre sur Ehanced synthetic Epson 90g, fixatif, contrecollage sur plaque d’acier, 34 x 50 cm, ed. 3 exemplaires + 2 EA
ink jet print on Ehanced synthetic Epson 90g, fixative, lamination on steel plate, 13,4 x 19,6 inches, ed. 3 copies + 2 AP
Cécile Beau, Ningirsu (Accréction), 2018
Dans l’œuvre de Cécile Beau, il n’est question que de révélation, dans tous les sens du terme. Révélation comme action de dévoiler, de rendre visible ou audible des phénomènes qui échappent à notre perception immédiate, mais aussi au sens d’épiphanie, d’illumination. Car Cécile Beau ne s’empare pas du réel tel qu’il nous apparaît, mais tel qu’il est en lui-même, au cœur vibrant de la matière, à travers ses strates et ses sous-couches sédimentaires – un réel fragmenté, inorganique et exogène. D’une économie de moyens proche de l’arte povera, mais avec une sensibilité décuplée par un ressenti hors-monde et hors-soi, ses installations s’appuient le plus souvent sur des matériaux pauvres et des dispositifs anti-spectaculaires. Il y est toujours question d’encodage et de décryptage, de formules alchimiques et de physique quantique, de cosmologie et d’archéologie. Accrétions et sédiments, matière noire et bruit de fond de l’univers y sont soutirés d’une réalité physique au seuil du discernement.
Placée sous le signe de l’astrophysique, la série Accrétion de tirages photographiques s’attache à explorer l’état transitoire des éléments minéraux, de leur origine cosmique (météorite) à leur transformation en sédiment géologique (roches, pierres, cailloux, sable, poussière), avant d’être accaparée par l’homme comme matière première. Se refusant à trancher entre le vertige métaphysique, l’allégorie poétique ou la rationalité scientifique, Cécile Beau nous place en face d’une forme de science-fiction phénoménologique. (Julien Bécourt )
Everything in Cécile Beau’s work revolves around the idea of revelation, in all the senses of the word. Not only unveiling – the act of making it possible to see or hear phenomena that escape our immediate perception – but also epiphany and illumination. For Cécile Beau does not approach reality such as it appears to us, but such as it is in itself, in the beating heart of the matter, through its sedimentary strata and sublayers – a fragmented, inorganic and exogenous reality. Created with a sense of economy similar to that of Arte Povera, but with a sensitivity heightened by a perception extending beyond the bounds of the world and the self, her installations are most often composed of very simple materials and anti-spectacular set-ups. They invariably address topics such as encoding and decoding, alchemical formulas and quantum physics, cosmology and archaeology. Accretions and sediments, dark matter and cosmic background noise are extracted from a physical reality at the threshold of discernment.
With astrophysics as its running theme, the series Accrétion of digital prints strives to explore the transitory state of mineral elements, from their cosmic origin (meteorites) to their transformation into geological sediment (rocks, stones, pebbles, sand and dust) before they are appropriated by humans as a raw material. Refusing to choose between metaphysical vertigo, poetic allegory and scientific rationality, Cécile Beau presents us with a form of phenomenological science fiction.