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#41

Lucie Le Bouder

POINT BARRE

Exposition personnelle

Texte de Mélissa Hiebler

10/11/2016 - 22/12/2016

Pour sa troisième exposition personnelle à la galerie 22,48 m² intitulée POINT BARRE, Lucie le Bouder nous propose d’expérimenter un processus de dissolution des volumes architecturaux par la lumière, le dessin et la sculpture. Si les précédents travaux de l’artiste s’attachaient à mettre en évidence les éléments constitutifs de l’espace d’exposition - sol, murs de plâtre, plinthe – et à s’en soustraire en déjouant la notion de planéité et en soulignant les contraintes qu’ils impliquent – couleur, matière, verticalité - POINT BARRE procède au contraire d’un mouvement de contraction qui vise à abolir la distinction entre l’espace et les oeuvres.


Lucie le Bouder franchit ici une nouvelle étape dans son travail sur les volumes pour tendre vers une sorte d'« anarchitecture », en réaction à l’architecture moderne pour qui la forme devait se déduire de la fonction du lieu. À rebours de ce principe, les sculptures en acier de Lucie le Bouder - empruntant pourtant leurs lignes géométriques au modernisme - affirment leur indépendance formelle vis-à-vis du lieu. La série Arase remodèle ainsi le sol de la galerie, va jusqu’à le recouvrir presque entièrement, ne laissant que quelques ouvertures, derniers indices d’une tectonique des plaques qui avale littéralement ces légères structures d’acier, floutant par là-même le rapport de l’espace à l’oeuvre ou du socle à la sculpture.


C’est du côté de la percée qu’il faut chercher la clé des oeuvres de Lucie le Bouder, à l’image des Building Cuts, ces monumentales coupes d’immeubles in situ réalisées dans les années 70 par l’artiste Gordon Matta-Clark pour changer notre perception du lieu et de son environnement proche.


La série Scene présente deux dessins réalisés au cutter et conçus à partir de perspectives axonométriques. Superposées, mises à plat, elles convoquent l’effondrement, la destruction de la surface, nécessaire ici à la création d’un nouveau point de vue désormais dirigé par un faisceau de lumière rasante. Les hachures maîtrisées produisent comme en gravure une nuance de demi-teinte qui contracte l’espace tridimensionnel, le vide, et le transforme en point de départ pour de nouvelles constructions imaginaires.


La mécanique de cette mise en scène visant à dissoudre le mur est rendue explicite par la série d’esquisses et de maquettes que Lucie le Bouder a disposée au sein d’un cabinet de travail, antichambre de ses productions, véritable table à dessin d’architecte qui aurait complètement basculé à la verticale pour « faire écran ». Ainsi confiné et saturé à la manière d’un cabinet de curiosité, l’espace du White Cube qui définit traditionnellement l’espace d’exposition vole en éclats.
Tentative ultime d’effacer la disjonction entre le mur et l’oeuvre, Surface en blanc et jaune #2 se prolonge vers l’espace mural par la lumière jaune. L’ombre colorée permet cette continuité grâce à laquelle le bord de la sculpture devient une transition plutôt qu’une rupture, à l’instar des recherches du mouvement « Light and Space » qui, dans les années 60, s’intéressait aux phénomènes perceptifs par l’usage de la lumières des volumes et des échelles qui prenaient en compte l’environnement direct de l’oeuvre.


« Penser entre le centre et le bord des choses »* affirmait Gordon Matta-Clark...


* Gordon Matta – Clark, Entretiens, 2011

 

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