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#40

Jonathan Monaghan

GOTHAM

Exposition personnelle

Texte de Juliette Premereur

16/09/2016 - 29/10/2016

«Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses ; et toute chose en cache une autre.». (Italo Calvino, Les villes invisibles)

Jonathan Monaghan interroge notre perception des villes et nous plonge au cœur de niveaux de réalité variables. Au gré des impressions, des sculptures et des vidéos, l’artiste construit des paysages à l’apparence de villes qui prennent vie grâce au mouvement, à la robotique et à l’animation 3D. L’esthétique particulière de Jonathan, savamment nourrie par les jeux vidéo, la science-fiction, l’architecture baroque et l’industrie du luxe, dessine un style cohérent et identifiable tout au long de son œuvre. Ses travaux ouvrent une fenêtre sur un monde parallèle au nôtre, où les éléments du quotidien auraient été mélangés et réassemblés en quelque chose de neuf.

Convoquant une cité mythique au sein d’un nouveau corpus intitulé GOTHAM, Jonathan fait le récit d’un futur dystopique savamment nourri par l’architecture urbaine. En utilisant les graphismes qui caractérisent les jeux vidéo, l’artiste crée un espace virtuel que nous sommes libres d’explorer, comme des avatars au sein d’un jeu. Aucune présence humaine - ou en partie humaine - dans le monde de Jonathan. Par conséquent, chaque spectateur devient le protagoniste de ce monde troublant et en somme trop familier. Au fur et à mesure de notre parcours entre les objets et les environnements qui composent GOTHAM, on rencontre tout un univers fait de halls de réceptions d’hôtels haut de gamme, de chandeliers d’or et de cristal, de cuir blanc rehaussé de diamants et de showrooms luxueux. À travers ces constructions complexes et détaillées, Jonathan Monaghan invente la mythologie future de notre monde actuel, préoccupé par l’argent et le pouvoir.

La vidéo Scroll humanise un personnage robotique composé de divers éléments architecturaux. L’assemblage auquel nous sommes confrontés fait référence aux immeubles de la fin du XIXème siècle de l’Upper West Side à Manhattan. Après de minutieuses recherches sur l’histoire architecturale des quartiers huppés de New-York, Jonathan Monaghan a recréé un ensemble détaillé d’immeubles familiers au sein d’un monde digital. On reconnaît ainsi l’immeuble « Prasada » sur la 50ème rue à l’ouest de Central Park, dont la surface est reproduite dans les moindres détails. Alors que l’hypothétique caméra dessine un lent panorama de l’édifice, on prend conscience que le bâtiment en question n’est qu’une partie d’une forme de vie complexe, ou d’une biosphère. Des mains de chirurgiens robotisées décollent la surface de l’immeuble, qui se révèle n’être qu’une chemise ou un vêtement recouvrant sa structure. Cette couche qui devrait découvrir une armature composée de poutres maintenant la façade laisse découvrir à la place un autre type de squelette. Un tissu beige proche de la carnation de la peau, qui contraste avec le plastique lisse et blanc ainsi qu’avec le métal utilisé sur l’extérieur de l’œuvre dévoile un nombril, signe de la présence d’un corps.

En révélant progressivement l’intérieur d’une fourrure, de tissus luxueux ou d’objets futuristes, Jonathan Monaghan engage un jeu linguistique avec le spectateur où les signifiants et les signifiés sont divulgués les uns après les autres.


À travers ce nouveau corpus d’œuvres, Jonathan Monaghan joue avec les attentes du public concernant une architecture familière et la manière dont cette dernière interagit avec le monde. Ce qui s’apparente à une façade d’immeuble, faite de briques soutenant une position verticale, flotte en réalité dans les airs et ondule comme une feuille dans le vent. Ce qui semble être une chic résidence new-yorkaise joue le rôle d’un rideau blanc ondoyant sur un miroir noir. L’univers de GOTHAM demeure une illusion et, comme les avatars de ce jeu, nous cherchons à l’interroger. Comme la peau d’une orange, les niveaux de sens s’effeuillent un à un pour défier sans cesse la compréhension que le visiteur a de ses propres perceptions. Jonathan Monaghan parvient à nous transporter dans son univers fait de villes imaginaires où la technologie et le corps ne font plus qu’un.

DOSSIER DE PRESSE

Scroll (extrait)

2016, film d'animation 4K, 7'00, en boucle, écran vertical 55" 4K, cadre en métal

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